أنت الآن هنا: الصفحة الرئيسة - أحداث ومحطات - فتنة غرداية ديسمبر 2013 - LE M’ZAB : une gestion génératrice de conflits

أحداث ومحطات

الأحد 9 مارس 2014

LE M’ZAB : une gestion génératrice de conflits

Saïd TAZEBINTE

La répétitivité de malheureux  « événements » au M’Zab soulèvent chaque fois une multitude de questionnements sur le pourquoi ; et chacun y va de ses analyses, son argumentation et ses conclusions.

Il y a bien sûr le coté officiel qui conclut que des fois c’est « un chahut d’enfants »,              un dérapage après « une drague entre adolescents – lycéens », d’autres fois « c’est la main étrangère », c’est « des énergumènes venus d’ailleurs ». Donc  chaque fois c’est la faute à l’autre….

Il y a de l’autre côté, les raisons, les avis et autres déductions des populations, des analystes, des journalistes, des témoins, des politiques  et autres intellectuels…. Et chacun y va avec : c’est

     ·  Un affrontement entre communautés : mozabite/arabe

     ·  Une « guerre » de  « madahib » entre : malékites/ibadites

     ·  Une perduration des conflits entre : kharijites/sunnites

     ·  Un combat entre : les pauvres/les riches

     ·  Une lutte entre : la citadinité/la ruralité

     ·  Un affrontement entre : arabophones/berbérophones

C’est encore……………et encore.

A la considérer, la  population existante au M’Zab en ces  moments, se scinde en deux :

      ·  D’un côté une population berbérophone – ibadite – d’origine citadine 

      ·  De l’autre une population arabophone – malékite – d’origine rurale.

Si la première est d’implantation très ancienne dans la région : plus de 10 siècles, l’autre a renforcé sa présence dans les cités de la région très récemment, surtout après l’indépendance nationale.

Cet aspect porterait  en son sein une clé d’entrée vers la compréhension de la situation.

Les affrontements entre les deux communautés pendant ces dernières décennies, sont de formes répétitives et récurrentes et risquent très fort de le rester tant que les vraies raisons porteuses des germes de conflits ne sont pas déterrées, reconnues et traitées.

Pour cela, faisant  parler quelque peu l’histoire « le meilleur témoin » : A plus de 1000 ans de nous, les ibadites se sont établis dans la région du M’ZAB pour y fonder leur communauté dans des cités. Il en découlera un fleuron en matière d’organisation sociale et de la gestion de la ville. Mais en même temps, ils y vécurent avec d’autres populations  rurales (au sens le plus positif du terme) avec lesquelles ils établirent des relations d’échange et d’intégrations pas seulement matérielles (organisation du souk) mais également sociales (intégration dans les achairs).

         Les 2 communautés étaient : l’une berbérophone – ibadite – citadine et l’autre arabophone – malékite – rurale.

En examinant attentivement les « détonateurs » des derniers conflits ont se rend compte que :

         ·  Pour quelque raison que cela soit, aucun des conflits n’est parti d’une mosquée (il en existe une multitude mitoyennes – relevant des 2 rites -  dans les ksars du M’ZAB), ni à cause d’un différent d’essence religieuse (autour d’une fetwa). Au fait, aux différents coins du pays vivent des ibadites en parfaite symbiose avec des majorités malékites. Et hors ALGERIE, d’autres ibadites n’ont jamais été en « guerre » avec les adeptes d’autres rites (à OMAN, en LIBYE, en TUNISIE, en TANZANIE, au YEMEN, en ASIE DU NORD et dans plusieurs autres pays dans le monde).

Vouloir à tout prix pénétrer l’équation de ces conflits par la grille de lecture ibadite/malékite n’est pas seulement un faux et une erreur, c’est  plutôt de la tromperie. 

D’ailleurs, la désignation de ces conflits par l’appellation (ibadite/malékite) est très récente.

          ·  Dire de ces conflits qu’ils portent comme raison un affrontement entre berbérophones et arabophones, aurait été exact, si ces conflits éclater tantôt dans les Aurès, tantôt au pays du Cheunois, des fois au Touat, que sais – je encore….dans le Hoggar et le Tassili.

          ·  Très  souvent, ces conflits sont appréhendés sous l’angle d’un affrontement entre une population riche et nantie et une autre pauvre et démunie. C’est méconnaitre la réalité ou vouloir à tout prix la déformer, que d’affirmer cela :

         -  Si les mozabites (on les désignera ainsi à une fin d’indentification) sont reconnus comme des commerçants avertis donc supposés riches,

         - les Chaambis omniprésents dans le vaste grand sud du pays (et même au-delà des frontières) sont omnipotents dans le grand négoce et le troc.

         - les medbouhis ont été depuis longtemps d’illustres agriculteurs.

         - et les benis merzougs des artisans avérés.

L’apparente différence  sur cet aspect de richesse, relève de la divergence des modes de vie et des formes d’organisations sociales plutôt que d’une disproportion dans les richesses.

D’ailleurs, la récente implantation des administrations publiques et les développements économiques dans la région, ont totalement changé ces données.

 

  · Mettre ces conflits au centre d’une  problématique de l’affrontement des rites religieux, c’est méconnaitre et falsifier la réalité. Laquelle réalité a été longtemps manipulée par les ignares et faussaires de l’histoire de la religion islamique. La grande et importante rencontre organisée à OMAN l’été 2011 et qui a regroupé d’illustres maitres de différentes écoles religieuses : venus d’ARABIE SEOUDITE (el Hedjaz), d’EGYPTE (el Azhar), du MAGHREB, du PAKISTAN, d’INDONESIE et biens d’autres contrées musulmanes ont rétablis la vérité que prônent depuis toujours les ibadites eux – mêmes à savoir qu’ils ne sont point des kharidjites et qu’ils font partie des écoles (rites) issues de la sunna. 

Ainsi donc, toutes ces raisons trouvées, ces argumentations présentées et ces explications portées ne tiennent point la route. Certes, des  particularités existent dans la région (elles y en longtemps existées), mais ce n’est  que des « ingrédients » qui sont présentés chaque fois  pour cacher et éluder les « pourquoi » réels et profonds.

 

Dès l’aube de l’indépendance du pays, ses dirigeants ont établi leur gouvernance sur la « stratégie » de l’effacement des traces profondes de la grande et auguste HISTOIRE de la majestueuse ALGERIE. Ce pays qui est le creuset de grandes civilisations, ce merveilleux peuple riche dans sa superbe diversité, devraient s’effacer et n’être qu’une « peuplade » uniforme et standard façonnée au moule des « maîtres ». L’ALGERIE ne fut rien, elle est née avec eux.

L’Unité nationale ne pourrait jamais se bâtir sur l’effacement des Identités nationales. C’est là la cause profonde de l’effondrement de la grande URSS.

Ce déracinement eu des effets les plus néfastes sur le comportement mental des algériens les uns envers les autres : ainsi, « l’autre différent » n’est plus admis.

Ce type d’approche a été appliqué également à l’histoire récente de la guerre de libération d’où la vérité « vraie » n’est pas encore sortie, connue et reconnue par tous.

Ce système de standardisation et de banalisation a touché gravement les programmes scolaires d’où l’identité algérienne réelle y est extraite avec force et en profondeur. 

De cet effacement programmé dans la « mémoire » collective des algériens découla une perte commune de tous les repaires authentiques. Le vide laissé s’est rempli par l’individualisme, la cupidité, l’esprit superficiel et leurs corollaires que sont le mensonge, l’irresponsabilité, l’esprit de profit, « atbiniss » et « lakvaza » tout cela pour arriver très haut en tout, très vite et à tout prix.

A cet ensemble il y a lieu d’ajouter l’esprit face book et l’effet boomerang des dits printemps arabes, le tout additionné au délaissement total de l’organisation et de la maitrise des faits et de l’ordre publics ; c’est là où se trouve la lame de fond de ce qui se passe dans la région du M’Zab.

Derrière sa façade institutionnelle, l’Algérie  profonde est multiple et tient à le rester pérenne ment, mais cela est fait dans une certaine clandestinité qui devient dangereuse. Car elle rend impossible la connaissance et la reconnaissance de l’autre et surtout la solidité de l’enracinement des origines et attaches communes.  

 

Pour être positif et constructif, on a besoin de quelque chose qui s’appelle son « origine ». 

 La grandeur d’une nation ne se mesure point à l’étendu d’un schéma uniforme, mais plutôt à son niveau de protection et de développement de ses spécificités.

 La démocratie ne pourrait être la loi de la majorité, bien contraire elle se mesure au degré d’épanouissement des minorités (au sens des spécificités culturelles et cultuelles).

 Le M’ZAB qui s’est identifié autrement en « hors normes établies officiellement» subit son authenticité comme une tare et affronte t’il  sa « mis en norme » ?

Ce qui fit perdre à la région sa cohérence basée depuis très longtemps autour et avec toutes les composantes locales.

 Ainsi, les « ingrédients locaux » sont chaque fois manipulés et sortis en évidence pour cacher le vrai combat qui se déroule récemment au M’ZAB et qui porte comme nom : la lutte provoquée pour la maitrise des espaces tant matériels qu’immatériels.

 C’est de grande honte que de voir le M’ZAB, devenir le théâtre d’affrontement pour l’accaparation des espaces (terrains) dans ce vaste Sahara et au pays le plus grand d’Afrique.

 Cette honte est bue quand des responsables locaux (et centraux) refusent de croire à la sagesse des bâtisseurs du M’ZAB, cette «leçon universelle d’architecture et d’urbanisme » : qui consiste à créer chaque fois une autre entité urbaine quand l’une devient difficile à gérer.

 Le développement irrationnel et déséquilibré des différentes parties de la grande région M’ZAB, a poussé les populations locales à s’engouffrer dans les cités (villes) pour se disputer les espaces (tous les espaces). On pourrait ajouter à cela, la non prise en considération des capacités économiques spécifiques à la région à fin de les promouvoir ; à la place de projets qui ne sont d’aucun encrage socioéconomique (cas de l’usine ANNABIB ex SNS). 

 Le combat de l’accaparation ne s’arrête point aux aspects physiques, matériels et économiques, il se retrouve au niveau historique, culturel, de la représentativité et de la symbolique.

A avoir joué avec « l’effacement », les gérants du pays ont «terrassé » le champ aux combats.

La diversité si enrichissante qui existe de fort longue date dans la région du M’ZAB n’a pas retenu leur attention.

Il est temps que les pouvoirs dirigeants (en place mais surtout à venir) entreprennent de rétablir les vérités historiques, toutes les vérités, surtout celles qui permettront aux citoyens de cette riche ALGERIE diverse d’être conformes avec eux-mêmes. D’être tout simplement eux – mêmes. Il est urgent d’engager un « ajustement structurel mental ».

Au M’ZAB, cela rétablira et confortera tout un chacun dans : sa mozabité – son ibadisme – sa berbérité – sa citadinité – son arabité – sa malékité – son arabo phonie et sa ruralité.

Chacun se sentira lui – même et retrouvera sa sérénité. Il en sera de même pour notre beau M’ZAB et notre cher pays.   

 

 Par Saïd TAZEBINTE

Docteur en économie – expert international 

إضافة تعليق